LES COLLECTIFS UNIS

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Témoignage
d'une infirmière

Région Parisienne

Mission Flash…Toujours suspendus!

Infirmière
Région Parisienne

Série témoignage 80

Suite à la conférence de presse du 11 juillet. 

J’ai intégré l’école d’infirmière à 20 ans. Il y a 36 ans.

J’ai vu plein de choses.

J’ai commencé ma carrière comme intérimaire. Cela m’a permis d’aller dans différents départements. Ce qui m’a conduit à aller en Suisse. J’y suis restée 4 ans. J’étais responsable d’un service d’urgence.

J’ai fait 4 mois d’humanitaire au Vietnam.

Puis j’ai réintégré la métropole pour y construire ma famille.

J’ai travaillé dans un service d’urgence et au bloc opératoire et au bloc opératoire.

Puis nous sommes partis à la Réunion. J’ai enseigné un an avant de prendre un poste d’infirmière libérale.

Puis retour en métropole pour poste en centre de soins municipal.

J’ai vécu mon métier dans le soin à l’autre, la bienveillance, dans l’écoute, dans l’accompagnement, sans jugements. J’ai donné beaucoup et ce que je vis aujourd’hui est maltraitant. J’ai beaucoup donné, sans reconnaissances, actuellement. On nous dit : faites un effort pour la collectivité, Je l’ai fait pendant 36 ans, l’effort !! Et ce n’est pas assez !

Et maintenant quand j’ai besoin, on me met à pied, sans documents officiels, sur les allégations d’un ministre de la Santé qui décide arbitrairement.

Avant 2020, j’avais des conditions de travail agréables, pas de week-end, c’était la première fois de ma carrière, avec des horaires corrects.

En mars 2020, je n’ai pas été confiné. J’ai eu les patients au téléphone au centre, pour de la régulation, de l’accompagnement. Nous avons continué à nous occuper de nos patients.

Nous avons repris les soins, avant le re démarrage des consultations médicales. J’ai fait également du secrétariat. Nous ne nous sommes pas arrêtées.

Dans le centre médical, nous avons construit une unité Covid, avec les moyens du bord. Il n’y avait pas de tests, peu de matériels avec des gens malades qui toussaient comme décrit à la télévision.

Nous avons pu les faire entrer par une autre entrée. Nous avons fait les choses bien.

J’avais installé un SAS pour que les praticiens puissent se déshabiller. Je me suis appuyée sur mon expérience de libérale et d’infirmière de bloc opératoire pour gérer la situation. On s’est donné de la peine avec ma collègue.

Nous avons récupéré du matériel du responsable du comité d’hygiène et sécurité de la ville. Des patients nous ont apporté également des masques : le stock d’une entreprise, des masques de l’épidémie H1N1 restés dans des placards.

Nous avons répondu présentes à toutes les missions citoyennes demandées par la mairie, tester les personnels dans les écoles, crèches, personnels municipaux…

Nous avons mis en place les tests rapides d’orientation diagnostic pour les libéraux de la ville. Cela nous a pris beaucoup de temps et ils ne sont pas venus.

Nous avons testé les personnes âgées dans une des résidences de soins de la ville. Nous avons fait 4 campagnes de tests en 18 mois.

Nous avons dégagé du temps infirmier pour répondre à la demande de tests des citoyens.

Nous avons organisé les campagnes de vaccination pour les personnes âgées et fragiles avec le dispositif « allez vers ». Les citoyens ont pu venir se faire vacciner.

Nous sommes allés renforcer le centre de vaccination de la ville d’à côté, en binôme médecin/infirmier.

Nous assurions avec beaucoup d’efficacité même si nous étions épuisées.

À l’annonce du 12 juillet 2021, j’ai décidé de continuer mon travail en pensant que je passerais à travers la vaccination obligatoire. Est-ce un déni, un espoir ? Une espérance qu’ils s’arrêteraient là (ce gouvernement).

Et un autre de mes espoirs était que les soignants allaient se lever d’un bloc contre ça.

Ils ont tout avalé.

Jusqu’au 14 septembre, j’ai cru qu’ils ne me mettraient pas à pied et qu’ils auraient besoin de moi. Jusqu’au bout, j’y ai cru.

Le 15 septembre, nous sommes allées faire cette manifestation autour du ministère de la Santé à Paris. Cette chaîne humaine avec les d’autres soignants suspendus, pour me faire du bien et sentir que je n’étais pas seule, même si nous restions minoritaires.

On m’a mis à pied. J’ai réalisé pendant les 4 premières semaines que j’étais à bout, limite déprimée. J’avais pris 3 mois de lithium en oligo-éléments pour supporter l’ambiance.

C’est quand j’ai lâché sur le problème financier que je suis tombée malade du Covid. C’était à la date anniversaire de ma mise à pied. J’ai été très malade.

J’ai eu 5 semaines d’arrêt de travail dont 3 semaines difficiles. Et là, on relativise tout. On se rend compte des priorités. Cela ne me fait pas dévier de mon choix. Je mets les choses en phase.

À mademande, j’ai repris le travail pour qu’on me remette à la porte au bout de 4 mois, toujours sur les allégations de Mr Véran.

À mon retour, l’attitude a été extrêmement désagréable. C’était implicite.

Je suis persuadée qu’ils ne sont pas conscients de ce qu’ils font ou disent. On les renvoie dans leur peur, dans quelque chose de difficile pour eux.

Un médecin m’a demandé qui j’étais moi pour aller à l’encontre des scientifiques. Je suis Moi, uniquement moi, et rien d’autre que moi. Quand tu dis à ce brave homme que la lune a des effets sur les gens, il répond, ce n’est pas prouvé scientifiquement !

Je suis donc retournée travailler, car j’avais un certificat de rétablissement et que je voulais y retourner.

Je savais qu’après les 6 mois de ce certificat, je serais de nouveau mise à pied et j’avais décidé de quitter définitivement ce lieu.

Cette période de 6 mois devait me permettre de transmettre mes connaissances du centre à ma jeune collègue.

Elle a très vite diminué cette période !

Elle est passée à 4 mois sans préavis. Je l’ai su le mercredi pour devoir partir le vendredi ! Quel choc, quelle violence. Pas plus de temps pour se retourner !

J’étais prête psychologiquement pour le mois d’avril, pas pour le mois de février.

C’est pour ça que je ne le prends pas mal, mon avenir n’est pas si noir. Le destin me file un coup de pied aux fesses pour que je sorte du placard.

Je vais faire évoluer ce que je sais faire.

C’est ça qu’ils n’arrivent pas à comprendre.

Ça a été violent, c’est arrivé pour m’obliger à changer.

 

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