LES COLLECTIFS UNIS

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Témoignage
d'un pompier

Quelque part en France

Mission Flash…Toujours suspendus!

Pompier
Quelque part en Frnace

Série témoignage 90

Suite à la conférence de presse du 11 juillet. 

Le discours du 12 juillet a scellé le sort de mon avenir professionnel. Comme pour beaucoup de « soignants », ce 12 juillet raisonne en moi comme une trahison. Dans les jours qui ont suivi, ne voyant rien bouger dans ma profession, je me retrouve face à un dilemme. Rester seul mener ma barque contre cette attaque et après tout je n’ai jamais eu besoin des autres pour me défendre, où monter un collectif afin de chercher l’unité et faire corps ensemble. J’avoue que je ne portais guère d’espoir à cette deuxième option. J’ai pu mesurer dans mon passé de syndicaliste à quel point l’esprit de corp des sapeurs-pompiers avait diminué depuis 18 ans que je l’ai intégré. On aurait pu s’attendre à ce qu’un officier supérieur prenne en main ce combat là pour l’honneur et le bon sens. Mais ce ne fut pas le cas.

Le vendredi 16 juillet au soir, ne voyant rien venir, je m’entretenais avec madame qui comme souvent dans l’histoire des Hommes influence dans les coulisses la destinée de leur famille et de leur mari. C’est donc acté, je prendrai le flambeau de la résistance au sein de notre famille et de ma corporation. J’ai immédiatement appelé un ami fidèle à ses convictions et courageux qui prêta son nom à la cause et me permis de créer ce soir-là le collectif qui soutiendra les pompiers de mon département. Je crée le plus facile, un groupe Facebook, le dimanche soir, soit 48h plus tard, plus de 1000 personnes l’ont rejoint. Apparemment je n’étais pas seul.

Je crée le site internet, un groupe telegram de référents par caserne, plus de 200 pompiers me font suffisamment confiance en me laissant toutes leurs coordonnées. Grace à cela je multiplie les canaux de diffusion, SMS, mail, site, Facebook. J’organise avec l’appui d’un syndicat, bien seul, une manif dans une des plus grandes villes de France. Le succès du nombre est très modeste mais la symbolique sera bien suffisante. On décortiquera la loi du 5 Aout, on tentera de trouver des failles, d’aider les collègues pompiers mais pas que, infirmiers, médecins, secrétaires médicales, aides-soignantes, du privé, du public, en libéral, tous s’interrogent, tous cherchent une issue. Nous leur apportons quelques solutions mais en vain.

Il aura fallu 6 semaines pour que la vague du 12 juillet se meure. 80% de mes collègues se feront vaccinés avant septembre, bien avant la date du 15 et pour beaucoup contre leur volonté. Pourquoi ? Pourquoi s’être résigné si vite ? Pourquoi avons-nous perdu cette bataille sans même vraiment la mener ?

L’adversaire était prêt, pas nous. Il a donc bénéficier de l’effet de surprise et de sidération. Nous avons réagi, il y avait tout à faire, organiser, créer, essayer de toucher les isolés. L’adversaire, lui, avait des institutions et des Hommes en ordre de bataille. Non préparés, isolés, occupés à rattraper notre retard, la défaite était écrite.

Ces femmes et ces hommes qui sont dévoués et courageux ont perdu l’esprit de corps. L’unité a volé en éclat, l’espoir s’est rendu, la résignation a gagné nos rangs et le sens de l’honneur a déserté les esprits. Nous ne sommes qu’une petite poignée de camarades à être allé au bout de nos convictions. Nous sommes suspendus, peu reviendront.

Aujourd’hui, je plains ceux de mes amis qui restent contre leur gré car je sais qu’ils souffrent de cette situation et de l’esprit qui s’est emparé de nos professions. Comme pour l’Hospital, le corps des sapeurs-pompiers ne pourra pas supporter longtemps l’incendie qui fait rage au cœur de notre société.

Lorsque sonnera l’heure de la prochaine bataille j’espère alors que nous serons prêts cette fois. Nous œuvrons chaque jour à ce que nous le soyons. Plus qu’une suspension c’est un combat.

« Ce que nous avons à défendre est bien plus précieux que nos existences, nos foyers et la France. C’est la liberté de nos esprits, c’est notre conception du monde et de la vie. »

Henry Frenay.

 

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